jeudi 10 juin 2010

Rirkrit Tiravanija nous sauve des eaux, chez Chantal Crousel

La galerie Chantal Crousel livre là une exposition  événement, unique et audacieuse qui devrait, sans nul doute, marquer l'année 2010. C'est l'exposition du moment. L'artiste thaïlandais, Rirkrit Tiravanija, investit avec force et démesure l'espace. C'est une immense péniche qui s'impose dans les lieux. Nous sommes invités à monter dans le navire. A l'intérieur, on découvre des t-shirts et des couchettes prêtes à accueillir les sans-abris d'un monde fini.

J'ai adoré cette exposition tant elle fait écho à cette prophétie de chaos qui s'ouvre comme un boulevard devant nous. On lit dans le communiqué de presse que "les moines en Thaïlande prédisent que le destin de leur pays est entre les mains de l’eau ; les inondations détruiront leur patrie, les villes dans le nord dont les noms commencent par « Chiang » ou « Lam » seront épargnées, toutes les autres seront ravagées par le déluge".

On ne peut s'empêcher d'y voir dans ce bateau un rappel de l'arche de Noé face à un monde noyé. Cet asile, flottant et discret, attend ses naufragés dans la galerie refuge. Lieu de vie, de survie, elle se présente comme "le monde d'après". C'est comme si le monde que nous traversons aujourd'hui était déjà mort.

L'œuvre est prête à accueillir les quelques survivants qui édifieront le monde suivant. Du reste, il s'agit bien de construire un monde meilleur, avec plus de lumière et de conscience. Alors des dessins rappelant le chaos du monde contemporain recouvrent les murs de l'Arche de Rirkrit. Aussi, sur des T-shirts collectés partout dans le monde, figurent des messages à caractères politiques très inspirés par les droits de l'homme. Ils sont autant de rappels et de garde-fous, destinés aux futurs naufragés, à ne surtout pas oublier leurs erreurs du passé.

Nous avons maintenant le choix entre sauver ce monde ou rejoindre la péniche...

Galerie Chantel Crousel
10 rue Charlot - Paris 3
du 5 mai au 17 juin 2010


mardi 8 juin 2010

GAGA - KLEIN - ALEJANDRO

S'il y a une personne sur terre que j'aimerais être aujourd'hui, je choisirai sûrement STEVEN KLEIN. Je suis l'un de ses plus grands fans et reste à chaque fois bouche ouverte devant son travail, son talent, son univers. C'est pour moi l'artiste photographe-vidéaste des années 2000's. Peu importe le format, pubs, clips, bouquins, prints,  il ne s'adapte jamais au "produit", que ce soit une paire de lunettes ou Madonna, mais l'intègre pleinement dans son univers.

Sort cette semaine le nouveau clip de Lady Gaga, "Alejandro", signé Steven Klein. Le clip est superbe. On est pleinement dans l'univers de Klein qui me fouette à chaque image : action immobile ou très lente, montée hyper cut, dominante bleue, beaucoup de sexe, de violence parfois carrément trash, du plaisir glacé, du désir froid, de la dépendance/vénération, de la domination/soumission et une quête de lumière ou d'absolu à travers la douleur. Tout y est dans ce clip et Lady Gaga se moule parfaitement à l'univers de l'artiste.



Si on comprend que Lady Gaga soit fatiguée d'être comparée sans cesse à Madonna dès qu'on parle d'elle, à son avantage ou non, il faut reconnaître qu'elle s'expose aux redites en suçant l'univers de la Madonne et en s'achetant une image avec son plus fidèle collaborateur depuis dix ans, ... Alors allons-y !

Steven Klein a tout fait avec Madonna depuis une décennie, des pubs, des shows, des livres, et même des performances vidéos exposées dans quelques galeries à travers les monde. Souvenez-vous : http://twurl.nl/ptpmuh

Toute la presse a relevé les similitudes et les clins d'oeil avec l'imagerie glam-butch de Madonna à l'époque de sa croisade sexo-féministe, notamment dans le clip Express Yourself en 1989.  Effectivement, du chapelet qui sort de la bouche, aux hommes ouvriers de Métropolis en passant par la chorégraphie, tout a un air de déjà vu...

Pour moi, l'esprit de référence est aussi le travail d'un autre Steven. En 1992, Steven Meisel shoote Madonna grande ouverte pour son livre Sex. Madonna lui demande alors de faire filmer en Super 8 toutes les mises en scène du livre. Le montage donnera le clip Erotica.

Le médium Super 8 utilisé principalement par les artistes renforce le caractère arty, underground de l'image et la rend éternelle en lui apportant une intemporalité. Cette intuition créative a permis d'exprimer une véritable vision odacieuse pour l'époque. Madonna s'est réinventée en maintenant une ligne artistique cohérente et en prenant le risque à chaque fois de dénicher l'avant-garde ou la nouvelle scène artistique. Cela lui permettait de botoxer son image et du même coup de révéler de nouveaux talents. Elle constuisait sa légende en servant de média aux jeunes artistes ou jeunes créateurs.

C'est peut-être ce qui manque aujourd'hui à Lady Gaga. Elle est contemporaine et remplit un trou noir dans l'industrie de la musique qui lui offre une débauche de moyens que l'on n'a pas observée depuis très longtemps. Mais on a déjà plus de reculs aujourd'hui sur sa recette. Et l'on constate, qu'elle s'évertue à recycler tout ce qui marche ou a marché et déplace le curseur sur l'échelle de l'extrême. Du reste elle ne travaille qu'avec les artistes et les créateurs confirmés et qui sont au top depuis des années. Je regrette beaucoup cette absence de prise de risques. Contrairement à ce qu'elle affirme, elle ne vient pas de l'underground.

Alors paradoxalement en remplissant largement le vide laissé dans la musique, on découvre qu'elle en crée d'autres.

LOVE & PRIDE sur Pink tv

Quand le slogan "it's good to be gay" résonne comme un coup de tonnerre après les émeutes de Stonewall, la fierté d'être gay envahit le monde et l'imaginaire des artistes. "Love and pride", nouvelle thématique de XPerience, présente trois films expérimentaux exprimant chacun une revendication d'amour. On retrouve "Le vent souffle où il veut", de Roger Danel, tout premier documentaire sur la première marche des fiertés en 1971. Trante ans plus tard "Le Veau d'Or" de Stéphane Marti expose plastiquement la fierté d'être gay quand on est beur, et enfin "My Man" d'Arnold Pasquier, une histoire d'amour photos-vidéo en deux mecs qui s'aiment, fièrement et simplement.

RDV: mercredi 30 mai à 22h sur Pink tv















"Le vent souffle où il veut" de Roger Danel























"Le veau d'or" de Stéphane Marti

RDV: le mercredi 30 juin sur Pink tv



Rediffusions prévues:
- "Le vent souffle où il veut" : 9 juillet, 19 juillet, 28 juillet 2010
- "Le veau d'or": 9 juillet, 19 juillet, 29 juillet 2010
- "My Man": 15 juillet, 21 juillet, 27 juillet 2010